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Le séminaire sur la cybercriminalité, organisé hier à l’hôtel El-Aurassi par le fournisseur de services à Internet Eepad, a ouvert un débat quelque peu prématuré dans notre pays, en ce sens que les Algériens sont davantage consommateurs du réseau qu’opérateurs. Selon des statistiques fournies par l’Eepad, 2,5 millions de concitoyens se connectent régulièrement ou occasionnellement à Internet soit de chez eux, soit dans l’un des 5 900 cybercafés ouverts à travers le territoire national.

Il n’en demeure pas moins que le pays ne connaît pas jusqu’alors d’attaques spectaculaires des systèmes informatiques, de l’aveu du ministre de la Poste, et des Technologies de l’information et de la Communication, Boudjemâa Haïchour. 3 000 incidents ont été recensés, en Algérie, par l’Eepad. Le directeur général de cet organisme a expliqué que ce sont des attaques commises par des amateurs. “80% des pannes techniques que nous avons enregistrées sont dues à de la négligence”, a-t-il précisé. Il est d’autant plus difficile de parler de grande menace sur la sécurité informatique puisque l’Algérie n’est pas encore outillée pour l’utilisation, à grande échelle, des cartes d’accès aux comptes bancaires, la cible privilégiée des hackers. Jusqu’à présent, les délits spécifiques, inhérents à la transmission frauduleuse des données, accès indu à un système de traitement d’informations ou suppression de données, n’ont pas réellement le vent en poupe chez nous. Le danger provient plutôt des délits “dits traditionnels”, qui consistent en la propagation des idées extrémistes, qu’elles soient de nature xénophobe, terroriste ou portent atteinte aux bonnes mœurs.

La nuisance de la nébuleuse Al-Qaïda est accrue par sa capacité à faire l’apologie de son idéologie et de ses attentats et aussi à enrôler de nouvelles recrues via le Net. Les autorités algériennes sont, aujourd’hui, dans l’incapacité de contrer cette menace. M. Henni, directeur de la modernisation de la justice au ministère de tutelle, a affirmé, en marge de la conférence, qu’il est très difficile de bloquer ou simplement de contrôler l’accès aux sites web subversifs à cause de la multiplication des providers. Quelque 71 fournisseurs de services Internet sont agréés en Algérie, même si, dans le fait, uniquement quatre sont actifs. Chacun opère en cavalier seul. “Si les providers se mettent d’accord pour bloquer ces sites, ça sera fait”, a-t-il ajouté. Il a précisé, néanmoins, que la majorité des sites web de groupes terroristes sont hébergés à l’étranger. Notre interlocuteur a souligné que les groupes terroristes créent des sites juste pour quelques heures, le temps de mener à bien leur propagande, puis ils les annulent. Il devient donc ardu de les identifier ou de les localiser. Le cas échéant, l’Algérie a la possibilité d’introduire une requête auprès des autorités du pays qui héberge ledit site, en vue de le bloquer. Le principal responsable de l’Eepad a recommandé la sensibilisation des internautes sur les risques de la cybercriminalité, en attendant une législation coercitive contre ces crimes d’un genre nouveau.

Le ministre de la Poste, et des Technologies de l’information et de la Communication a soutenu que l’objectif assigné à son secteur est d’instaurer “un dispositif juridique visant à renforcer, sur la base d’une synergie intersectorielle, le cadre légal de lutte contre les crimes et délits liés aux systèmes informatiques et aux TIC”. Il a rappelé que l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications a engagé, de concert avec les trois opérateurs de la téléphonie mobile, “une opération d’assainissement quant au respect des procédures d’identification des acquéreurs de puces, condition exigée par les dispositions des cahiers des charges”. Dans la réalité, aucun contrôle n’est procédé systématiquement, puisque des puces se vendent librement, sans aucune contrainte pour l’acheteur, au niveau des marchés informels ou dans les taxiphones. Il en est de même pour l’utilisation de l’Internet, qui n’est point protégée par des garde-fous. Les responsables du secteur des télécommunications souhaitent, à tout prix, réussir le challenge de mettre l’Algérie au diapason des pays investis pleinement dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication, pour un meilleur essor de l’économie. Pour cette raison, l’on est, à chaque fois, prompt à livrer des chiffres prouvant le bon fonctionnement du projet Ousratic, c’est-à-dire un PC pour chacune des 6 millions de familles.

L’objectif est loin d’être atteint eu égard aux 3 millions d’ordinateurs fonctionnels en 2006, en y incluant les postes utilisés sur les lieux de travail. 700 000 accès à l’ADSL sont enregistrés en juillet de la même année. Le ministre a pourtant affirmé, hier, que 1 351 communes, sur les 1 541, sont connectées au haut débit.

Souhila H.

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