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Pour un enchevêtrement des communautés apprenantes dans le monde
L’émergence du Web 2.0 capitalise sur l’apprentissage informel qui se réalise à l’extérieur des formations officielles dans une proportion de plus de 70% (1 et 2), offrant à celles-ci de belles sources d’inspiration et l’occasion de répondre de manière dynamique aux besoins sociaux, politiques et économiques de la société. Paradoxalement, des communautés apprenantes se forgent à l’extérieur des réseaux scolaires habituels sans avoir expressément recours à l’outillage moderne de l’ère numérique (3 et 4). Pour fonctionner, elles mettent en opération des stratégies issues du socioconstructivisme et de la pédagogie par projet, et se dotent d’une infrastructure qui pourrait ouvrir la voie à l’intégration des TIC dans une perspective d’un nouveau dialogue international.

Grâce à ce lien étroit entre communauté apprenante et Web 2.0, deux grands espoirs sont permis : l’établissement d’une société apprenante (5) mondiale qui favoriserait un dialogue Nord-Sud provenant de la base, et une meilleure reconnaissance par l’école formelle de la valeur de l’apprentissage informel réalisée en dehors de ses murs. Dans cet article, je me propose d’illustrer ce phénomène à partir de ce que m’inspire le Barefoot College, (6) en y posant le regard d’un simple pédagogue ouvert au dialogue interculturel par le biais des TIC dans une démarche d’apprentissage tout au long de la vie (7).


1) Le Barefoot College : l’apprentissage informel érigé en communauté apprenante


Lors de ses conférences, Monsieur Sanjit Bunker Roy, fondateur du Barefoot College (8), explique comment il a su former des communautés apprenantes avec des hommes et des femmes peu scolarisés ou analphabètes, faisant d’eux les fondateurs d’un collège dans le village de Tilonia à Rajasthan en Inde. Par le biais de ce dispositif éducatif, des villages entiers atteignent l’autosuffisance indispensable à la victoire contre la discrimination et la pauvreté.

Sans aborder l’usage des TIC dans cette démarche, Monsieur Roy défendra la valeur de l’apprentissage expérientiel, attribuant aux étudiants le rôle de maîtres dans des domaines aussi variés que la dentisterie, le génie civil, l’informatique, etc., mettant non seulement leurs savoirs en valeur, mais faisant aussi confiance à leurs capacités à apprendre tout au long de la vie. Pour faciliter la communication entre des personnes de langues différentes, il aura même recours à des moyens rudimentaires, comme l’usage de marionnettes.

De cette entreprise sociale émergera un impressionnant complexe immobilier, moderne et high-tech conçu par le partage des savoirs expérientiels ; et ce, de la conception des infrastructures jusqu’à la confection des équipements. Par exemple, des femmes pratiquement analphabètes sont invitées à construire les panneaux solaires qui serviront à générer l’énergie employée par l’école et au fonctionnement des ordinateurs, aussi fabriqués par des étudiants du Barefoot College. Cette tâche les amène à acquérir une expertise et un avenir sous le signe de la dignité.

Cette vision de l’éducation en marge des standards officiels serait à ce point efficace qu’elle constitue des modèles inspirants de lutte contre la pauvreté pour plusieurs autres villages de l’Inde et ceux de pays limitrophes comme l’Afghanistan qui l’ont intégrée à leur pratique développementale.


2) La spirale de la formation globale


Une fois une première société apprenante mise en place, il semble bien que Monsieur Roy ait voulu générer un effet d’entraînement dans la population mondiale, en ayant recours cette fois-ci aux TIC et aux avantages viraux des médias sociaux. Ainsi le Barefoot College dispose-t-il de son propre site Internet (8). Près de 3 millions de personnes ont pris connaissance de l’existence du projet en accédant à l’enregistrement de la conférence présentée par ce pédagogue au TED le 11 juillet 2011. Plusieurs autres internautes ont plutôt choisi de visionner les vidéos disponibles sur YouTube et en véhiculent les informations dans leurs échanges informels sur Twitter, Facebook ou tout simplement dans leurs échanges quotidiens en présentiel à la maison ou au bureau.

Ce succès promotionnel illustre à sa manière la soif de savoir et de dialogue propre à l’être humain, ce que démontrent bien les chiffres sur l’usage du Web. Selon Chotard, les requêtes sur Google et les Twit se comptent par milliards, et Facebook compterait plus de 400 millions d’abonnés (9). L’organisation et la multiplication des communautés d’apprentissage (10) en marge des programmes de formation habituelle sont clairement appelées à un brillant avenir.


3) Le dialogue Nord-Sud et les communautés apprenantes


Le développement d’une culture apprenante et d’une infrastructure moderne dans certaines régions du Sud créeraient des

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