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Le secteur des TIC en Algérie n’arrive pas à décoller. Dix ans après la réforme des télécommunications, les résultats sont modestes. Tel est du moins l’impression générale qui s’est dégagée, jeudi dernier, de l’assemblée générale extraordinaire de l’Association algérienne des fournisseurs de services Internet (AAFSI). Derrière les sourires se cachait un réel malaise.

« Le secteur est à l’arrêt », murmure-t-on dans les coulisses. Observation pertinente ou exagérée ? Hamid Bessalah, ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, qui rentrait d’une mission à Illizi, était attendu mais a mystérieusement fait l’impasse sur cet événement. Cette absence a suscité de nombreuses interrogations.

Les participants ont mis en avant le fait qu’il faut dépasser le stade des bonnes intentions pour s’inscrire dans l’action. Ali Kahlane, président de l’AAFSI, a relevé dans son allocution « les tâtonnements et les approximations qui ont fait avancer les TIC pendant de longues années par soubresauts désordonnés. De nombreuses annonces ont essaimé dans les journaux. On vivait d’effets d’annonce sans aucune vision d’ensemble ni stratégie globale. En fait, les TIC voguaient au gré des besoin des uns et des autres ». Le secteur avait besoin d’un programme d’action qui traduise les engagements du président de la République en matière de généralisation et d’appropriation des TIC. C’est ainsi que « e-Algérie 2013 » a été élaboré avec 13 axes majeurs et 1000 actions. Hamid Bessalah avait choisi sa première sortie médiatique pour en parler, lors d’un congrès international sur la stratégie des TIC et l’édification de la société de l’information, en juillet 2008.

Il a voulu trancher avec la langue de bois à laquelle nous sommes soumis depuis des années en laissant entendre clairement que le développement du secteur n’est pas une question de moyens ou de « mesurettes » sans vision, cachant mal des incohérences. Le document a été soumis au Conseil national économique et social (CNES) qui a remis son rapport publié dans le Journal officiel n°54 du 16 septembre 2009. « L’horizon des cinq années projetées pour réaliser un projet aussi ambitieux semble difficile à respecter compte tenu de l’intensité des contraintes identifiées dans le document », souligne le CNES, qui considère en outre qu’il convient de « s’interroger sur les capacités d’absorption du tissu institutionnel, économique et social des différentes actions dont le développement est envisagé.

La démarche préconisée pour atteindre les objectifs fixés semble trop globale et ne fixe pas d’échéances intermédiaires par objectif, entre 2009 et 2013, pour chacun des axes majeurs identifiés ». « La version complète comporte plus de 500 pages, la synthèse publiée sur le web n’en compte qu’une quarantaine. La logique et le bon sens auraient voulu que ce qui l’ont rédigé se mettent avec ceux qui ont été désignés pour le critiquer et qu’ils discutent l’approfondissent et l’enrichissent ensemble », affirme Ali Kahlane. C’est ainsi qu’avec le temps, les retards se sont accumulés. La création du fonds d’appropriation de l’usage et du développement des TIC et le contrat de partenariat public-privé doublé par le réseau national de recherche des TIC vont dans le bon sens, mais ils ne sont pas suffisants vu la déliquescence qui a prévalu dans le secteur pendant longtemps.

Le chantier est grandiose avec la modernisation des administrations, l’enrichissement du système éducatif, une meilleure visibilité du web de nos entreprises ainsi que de l’Algérie touristique. C’est là que ce trouvent les gisements d’emploi, l’amélioration de la vie citoyenne, une meilleure répartition des ressources et une certaine forme de démocratie par l’information partagée et le savoir pour tous. En réalité, il est impératif que le programme e-Algérie 2013 soit suivi de mesures concrètes et d’actions de sensibilisation des opérateurs et des entreprises du secteur des TIC. Younès Grar, conseiller du ministre, est dans le secteur depuis ses débuts et connaît bien tous les intervenants. Pour lui, « les ISP sont les acteurs de la mise en œuvre de la politique de développement.

Les services en ligne, la e-éducation et e-gouvernement sont liés étroitement au succès de la mise à disposition des citoyens et des entreprises d’un accès à haut débit. C’est pour cela qu’on a retenu dans le cadre de e-Algérie 2013 tout un axe (E) qui prend en charge la mise à niveau de l’infrastructure des télécoms qui devra permettre d’asseoir cette plate forme de services en ligne ».

Un discours qui se veut rassurant, mais l’affaire Eepad est toujours dans les esprits et les abonnés d’Algérie Télécom souffrent toujours d’un débit très lent pour la connexion à Internet. Si l’AAFSI se veut une force de proposition, elle a été secouée par la démission de 7 providers. Une décision que n’a pas compris Ali Kahlane, mais qui fragilise un mouvement as

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