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Par Anupreeta Das - SAN FRANCISCO (Reuters) -

En ne s'alignant pas sur les exigences de Yahoo, Microsoft garde la capacité et les fonds pour conclure une multitude d'accords, mais peu d'entre eux lui offriraient autant qu'un partenariat avec le portail internet.

Quand Steve Ballmer, directeur général de Microsoft, a retiré son offre de 47,5 milliards de dollars (30 milliards d'euros environ) il a renoncé à ce que lui et le marché percevaient comme la meilleure perspective de croissance rapide dans le domaine de la publicité et des services en ligne, la meilleure également pour concurrencer Google.

Lundi, le marché devrait accueillir favorablement le renoncement de Microsoft, mais il regrette à l'inverse l'entêtement de Yahoo. À 08h00 GMT, Yahoo perdait 17,2% à la Bourse de Francfort dans les premiers échanges à 14,88 euros, soit 23 dollars. Samedi, lors de sa dernière offre, Microsoft proposait 33 dollars par action.

"En fin de compte, notre objectif est de bâtir un géant de la recherche, de la publicité en ligne, des médias et des réseaux sociaux", écrit Steve Ballmer dans un courrier adressé dimanche à ses salariés et dont Reuters a eu connaissance.

"Même si l'acquisition de Yahoo nous aurait permis d'atteindre nos objectifs plus rapidement, je suis convaincu que nous pourrons atteindre ces objectifs sans Yahoo."

Selon lui, Microsoft pourrait y parvenir seul, mais un autre scénario à la faveur du marché, celui qui voit la firme de Seattle utiliser les capitaux prévus pour racheter Yahoo afin de réaliser des acquisitions de moindre importance ou de nouer des partenariats stratégiques.

Ils pourraient prendre la forme d'un rapprochement avec la filiale AOL de Time Warner ou avec Fox Interactive Unit, celle de News Corp, qui comprend, entre autres, le populaire site de socialisation MySpace.

Les dirigeants d'AOL avaient approché Microsoft lorsque Steve Ballmer avait fixé un délai de réflexion de trois semaines à Yahoo pour accepter ou rejeter son offre.

News Corp a également contacté Microsoft pour lui proposer de prendre ensemble le contrôle de Yahoo.

Aucun responsable d'AOL n'était disponible pour commenter ces informations.

GROSSIR VITE

"Un partenariat ou l'acquisition des activités internet de News Corp ou d'AOL serait un bon début", pour concurrencer Google, pense Peter Misek, analyste chez Canaccord Adams.

En décembre, 590 millions de visiteurs uniques avaient été comptabilisés pour Google, 540 millions pour Microsoft et 485 pour Yahoo, selon les données de comScore.

À titre de comparaison, les sites de Time Warner, dont AOL, n'ont été consultés que par 274 millions de personnes, et ceux de Fox Interactive Media par 158 millions de visiteurs.

Mais Microsoft pourrait préférer consacrer la manne inutilisée pour le rachat de Yahoo à d'autres acquisitions, en privilégiant par exemple des "start-up" à l'origine de moteurs de recherche sophistiqués ou de plate-formes en ligne de publicité afin de bâtir un ensemble capable de rivaliser avec Google, pense Peter Falvey, banquier chez Revolution Partners, un établissement spécialisé dans l'investissement technologique.

"Ils pourraient racheter de nombreuses start-up intéressantes et faire parler leur savoir-faire publicitaire", poursuit Favley.

Mais aucune de ces options ne conférerait à Microsoft la puissance de feu nécessaire pour concurrencer Google avec efficacité.

"La stratégie des petits pas incluant par exemple un rachat de Digg ne fera pas bouger le curseur de Microsoft", juge Todd Greenwald, analyste chez Nollenberger Capital Partners, évoquant un site participatif d'évaluation et de hiérarchisation de contenus internet.

Selon lui, Microsoft pourrait se permettre de racheter Facebook, dans lequel il a investi 240 millions de dollars l'année dernière et profiter de la popularité du site de réseau social pour ramener ses utilisateurs vers ses propres contenus.

Mais rien de tout cela ne lui rapporterait autant qu'un rachat de Yahoo. "Ballmer a besoin de grossir vite et de s'adapter au marché, et il ne peut y parvenir en le construisant de toute pièce", rapporte une personne proche des négociations entre Microsoft et Yahoo.

À l'heure actuelle, la situation de Microsoft reste toutefois plus enviable que celle de Yahoo. Microsoft peut même se permettre de rester dans l'expectative en attendant le moment opportun pour lancer une nouvelle offre sur Yahoo.

Selon les observateurs, la légère hausse du titre Microsoft attendue lundi devrait montrer que le marché reste patient à l'égard de Steve Ballmer.

"Il y a beaucoup de sceptiques à Wall Street qui s'interrogeaient sur la stratégie de Microsoft, et ils devraient applaudir son choix d'être resté ferme sur le prix et de ne pas avoir surenchéri", est

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